- molard
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I.⇒MOLARD1, subst. masc.Région. Butte, amas de terre en forme de dôme ou de môle. La plaine, la vaste plaine d'ocre, parsemée au loin des bosses des mollards, allongeait, jusqu'à la trouée de Culoz, ses champs et ses marais à perte de vue (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 447).Prononc. et Orth.:[
]. LITTRÉ, Lar. 19e-20e: molard; DANIEL-ROPS, supra: mollard. Étymol. et Hist. 1840 (Ac. Compl. 1842: Molard s.m. — V. lang. — Hauteur; tertre; éminence). Terme d'orig. fr.-prov., att. en a. bressan fin XIIIe-début XIVe s. (Terrier de la sirerie de Bâgé ds Doc. ling. du midi de la France, éd. par P. Meyer, 1909, p. 30), issu du lat. molaris, adj. dér. de mola «meule» (v. molaire) subst. au sens de «grosse pierre, rocher», att. en lat. médiév. au sens de «butte, tertre» dans la région du domaine fr.-prov. dep. le XIe s. (cf. DU CANGE; v. P. GARDETTE, Franco-provençal molar «tertre, talus, tas de pierres, montagne» ds Studi in onore di Angelo Monteverdi, Modène, 1959, pp. 254-268 et R. Ling. rom. t. 23, 1959, pp.373-380).
II.⇒MOLLARD, MOLARD2, subst. masc.Pop. et vulg. Crachat. Synon. glaviot, graillon. Cette créature [Sarah Bernhardt], que rien ne fatigue, que rien ne lasse et qui crache le sang sans plus de détérioration de son être que lorsqu'on crache des mollards (GONCOURT, Journal, 1889, p. 961). Les couleuvres qu'il faut avaler, les molards qu'on reçoit sur la face et qu'il faut essuyer en disant merci encore (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 117).Prononc. et Orth.:[]. ROB. Suppl. 1970, Lar. Lang. fr.: mollard ou molard, mollarder ou molarder. Étymol. et Hist. 1865 mollard (LARCH., p. 210); 1867 molard (DELVAU). Dér. de mol, v. mou; suff. -ard.
DÉR. Mol(l)arder,(Molarder, Mollarder) verbe intrans., pop. et vulg. Cracher. Synon. glavioter, graillonner. Une marchande près de Saint-Sulpice (...) se dressait, hurlante, quand on mollardait dans ses poires cuites ou sur ses volailles (HUYSMANS, En mén., 1881, p. 99). Les voisins sont tous descendus en foule des étages, en treillis, savates... Ils ont molardé tant et plus, ils ont rempli les paillassons (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 209). — [], (il) mollarde [
]. Cf. mol(l)ard. — 1re attest. 1866 (DELVAU, p.256); de mollard1, dés. -er.
ÉTYM. 1865; du rad. de moelle, moelleux.❖♦ Pop. et vulg. Crachat.0 Ils crachent à présent tous les deux… tout autour de nous… des molards énormes… je m'écarte… C'est la grande rigolade… que j'évite le jet.Céline, le Pont de Londres, p. 395.❖DÉR. Mollarder.
Encyclopédie Universelle. 2012.